Alors que le lancement de la 5G en France bat son plein, les opérateurs téléphoniques justifient ce déploiement par un argument écologique : la technologie 5G consomme moins d’énergie que la 4G, à quantité de données égale. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Combien de fois avons-nous entendu que les progrès en matière d’efficacité énergétique permettraient de réduire notre consommation et par conséquent notre impact sur l’environnement ?

Ces affirmations sont-elles seulement fondées ? Ou sont-elles le résultat d’une mauvaise intuition ?

Nous verrons dans cet article qu’un mécanisme pervers et trop peu connu vient mettre son grain de sel : l’effet rebond.

Qu’est-ce que l’effet rebond ?

Tout commence au 19ème siècle, lorsque l’économiste anglais Jevons remarque un phénomène surprenant. La consommation de charbon au Royaume-Uni aurait bondi après que James Watt a introduit une nouvelle machine à vapeur, pourtant moins gourmande en énergie. En effet, les machines à vapeur étaient devenues plus rentables et furent rapidement adoptées par de nombreuses manufactures qui s’en privaient jusque là. Leur usage s’étendit et la consommation de charbon augmenta fortement : c’est cela l’effet rebond.

Ce dernier peut se définir par l’augmentation de la consommation d’un bien, d’un service ou d’une technologie suite à la réduction des limites à son emploi. Ces limites peuvent être énergétiques et matérielles mais également financières, temporelles, sociales, etc. Et lorsque les économies réalisées par un progrès technique sont inférieures à l’augmentation de la consommation liée à l’effet rebond, on parle de « paradoxe de Jevons ».

L’effet rebond se présente sous deux formes distinctes. Il peut être direct (j’ai acheté une voiture qui consomme moins et vais donc l’utiliser plus régulièrement et pour des trajets plus longs) ou indirect (je place les économies réalisées grâce à ma nouvelle voiture sur un livret qui servira en partie à financer les énergies fossiles). C’est sa forme indirecte qui est la plus dure à mesurer et qui explique en partie le fait que ce phénomène soit sous-estimé.

Effet rebond et développement durable

Une fois l’effet rebond et ses conséquences connus, il est très simple de comprendre pourquoi il constitue un obstacle à la transition écologique. L’amélioration de l’efficacité énergétique est souvent présentée comme la panacée mais ne peut constituer une solution à elle seule. En témoignent l’apparition de moteurs à faible consommation ou le remplacement des lampes à pétrole par les ampoules électriques, qui n’ont permis aucune diminution de notre impact sur l’environnement.

Et pourtant, de nombreux Etats et entreprises s’appuient encore largement dessus pour réduire leurs émissions de GES et leur consommation de matières premières. Ils représentent par exemple 37% des efforts pour décarboner l’économie mondiale d’ici 2050, dans le scénario « développement durable » de l’Agence Internationale de l’Energie.

L’importance de consommer moins

Vous l’aurez compris, l’efficacité énergétique n’est pas un mal en soi mais doit être accompagnée d’un véritable changement de culture. Nous devons repenser notre consommation et tendre vers des modes de vie plus frugaux sans quoi aucune innovation, aussi révolutionnaire soit-elle, ne nous sera utile dans la transition écologique.