Avant toute chose, il faut spécifier de quoi on parle quand on parle d’empreinte environnementale liée au numérique.

On s’intéresse à du matériel qui peut être classé en trois grandes familles :

 

Et qui a plusieurs impacts :

–              Les émissions de Gaz à Effet de Serre (CO2, méthane…) mesurées en équivalent CO2 selon leur pouvoir de réchauffement global

–              La consommation d’énergie primaire => énergie qui nous permet d’obtenir d’autre forme d’énergie (pétrole, charbon, gaz, uranium…) – mesurée en kilowater

–              La tension sur l’accès à l’eau douce => volume eau monopolisé

–              La consommation de ressources abiotiques => matière première extrait du sol pour fabriquer ce dont nous avons besoin (fer, aluminium, gallium…).

Et ce pour l’ensemble du cycle de vie qui va de la fabrication à la fin de vie, en passant par l’usage.

 

Le numérique dématérialise des flux physiques, et semble « alléger » et rendre plus agiles les organisations en réduisant l’usage du papier et le nombre des intermédiaires pour accéder à un service.

En réalité, tous les flux étant stockées dans des serveurs et cheminant au travers de canaux matériels, l’empreinte environnementale est loin d’être nulle.

 

Pour les Gaz à Effet de Serre, l’accord de Paris nous demande de réduire nos émissions à l’échelle de la planète (en divisant d’environ par 5 notre empreinte) pour rester en dessous des 2 degrés de réchauffement global pour assurer la résilience de nos systèmes.

Or, à l’heure qu’il est, nos émissions mondiales continuent d’augmenter malgré la numérisation intensive de nos activités. Et les émissions liées au secteur du numérique représentent 4% des GES mondiale, plus que celle attribuée à l’aviation civile, et augmentent avec notamment la multiplication des appareils connectés, 5G, IA, crypto monnaies, industrie 4.0. Cette part pourrait doubler d’ici 2025 pour atteindre 8 % du total – de l’ordre des émissions des voitures et deux-roues actuellement. Une courbe de croissance qui n’est pas viable sur du long terme. Au niveau de la France, 5,2% = 25% émissions soutenables à 2050.

 

D’un point de vue électricité, le numérique représente 6% de la consommation d’énergie primaire en France et des prévisions envisagent 20% de l’électricité mondiale en 2030. Augmentation en partie imputable au volume de données stocké qui augmente et pourrait être multiplié par 5 entre 2018 et 2015.

 

Et le numérique induit aussi un stress sur les ressources d’eau et sur les matières premières qui sont nécessaires en grandes quantités pour produire nos équipements que l’on renouvelle de plus en plus fréquemment.

Aujourd’hui, l’intégralité des organisations (entreprises, associations, institutions etc.) ont recours aux outils numériques dans leurs activités. Leurs stratégies de développement, d’optimisation ou de transformation s’appuient massivement sur des projets numériques sans qu’il y ait généralement de mesure ou d’évaluation prévisionnelle de l’empreinte environnementale que ca génère.

Il est donc essentiel de réduire l’empreinte écologique des pratiques numériques du quotidien dans notre vie personnelle et professionnelle. Et pour pouvoir le faire encore faut-il savoir où agir.

 

 

Et les entreprises dans tout ça ?

D’après une étude de 2018 du club Green IT sur la maturité des entreprises à mettre en œuvre des bonnes pratiques pour réduire l’empreinte sociale et environnementale de leur SI, les entreprises françaises sont globalement matures (score moyen de 59/100), mais avec un écart important entre la moins mature (40%) et la plus mature (77%) : il existe donc un fort potentiel de réduction d’impact dans les entreprises les moins matures.

 

Des outils à la disposition de chacun :

Il existe de plus en plus d’outils pour accompagner les entreprises sur leur démarche de numérique responsable. Avec des accompagnements de A à Z par exemple avec le label Numérique responsable par l’agence Lucie. En démarrant par un état des lieux avec une mesure de l’impact environnemental et sociétal de l’entreprise (ZEI, Ecovadis…). En formant les collaborateurs à l’écoconception (Greenit.fr, Greencodelab…). Ou encore par une démarche d’achats responsables des équipements numériques et des consommables (Ecodair, Backmarket, Commown…). Et bien d’autres outils disponibles pour accompagner les entreprises dans leur démarche.

 

 

Les acteurs du sujet :

Il existe de nombreux groupes de travail sur le sujet auxquels plusieurs grandes entreprises participent.

Pour être pertinent il est essentiel d’avoir une vision globale pour de pas cacher d’angles morts et donc d’être accompagné par des professionnels du sujet.

Peu d’organisations ont pris en compte un périmètre holistique mais beaucoup ont déjà pris des mesures concrètes pour aller numérique et sobriété.

 

En voici un exemple :

Michelin

Michelin leader mondiale de la fabrication de pneumatique qui réalise un CA de 20 milliards d’€ par an a créé un Groupe de travail digital durable mi 2019 pour répondre à la volonté du Président «Demain, tout sera durable chez Michelin», ainsi qu’aux attentes d’un nombre croissant de collaborateurs. Ce groupe de travail « Digital Durable » réuni chaque mois des représentants des directions Achats, Administration, Communication, Développement & Mobilité Durables, Digital, Informatique, Industrie, R&D, Services & Solutions.

Afin de savoir où agir, une étude de l’empreinte énergétique et carbone des activités numériques (niveau mondial, approche cycle de vie, incluant le scope 3) a été réalisée.

Plusieurs actions ont été prises sur le matériel utilisateur, les datacenters, vis-à-vis des fournisseurs, ou pour éco-concevoir les sites et autres projets numériques.

Et pour embarquer l’ensemble des collaborateurs, ils ont organisé en 2020 la digital week, un événement 100% online pour les 130 000 personnes avec au menu : impact du numérique, cycle de vie, et un premier lot de 10 bonnes pratiques, pour le début d’une action qui s’inscrit dans la durée.

Lors de la mise en place de ce type d’événement, il est possible de suivre les avancées dans le temps au travail de KPI sur :

  • Matériel et infrastructures: durée de vie moyenne des équipements, % du parc reconditionné, % des PC tablettes en mode Bring your own device,
  • Usage du numérique: % équipement éteint le soir et le week-end, courriels envoyés par pers/jour, GO stockés par pers/an,
  • Stratégie SI: % applications ou licences éco-concues,
  • Rayonnement interne et externe : % appels d’offres incluant des clauses environnementales, %chefs de projets formés à l’éco-conception numérique, % projets ayant fait une mesure d’empreinte environnementale basée sur l’analyse du cycle de vie.

 

Et vous vous en êtes où ?