Jérome Auriac, fondateur de Larfeuille

 

Pourquoi avoir choisi d’être entrepreneur social ?

Je répondrai par une autre question : comment se sentir utile ? Les entrepreneurs et entrepreneuses sociaux que j’ai pu côtoyer ou accompagner dans leurs projets ces 30 dernières années m’ont influencé. J’ai grandit en banlieue dite « difficile », sans avoir fait d’études supérieures. Depuis les boulots alimentaires jusqu’à une première start’up dont j’étais associé en 1998, on m’a fait confiance alors que je n’avais pas forcément le pedigree pour. A partir du début des années 2000 je voyage et m’investi de plus en plus dans des associations, avec une activité intense au Brésil dans les communautés défavorisées. Depuis lors je n’ai cessé de créer des organisations (entreprises, associations) qui s’attachent à trouver des solutions pour lutter contre les inégalités. Peu importe leur taille ou leur « impact » c’est comme ça que je me sens utile.

Peux-tu présenter le projet Larfeuille  ?

J’ai eu envie de tester un projet qui permette à des gens éloignés du marché de l’emploi de pouvoir apprendre, fabriquer et tirer des revenus de ce travail. Larfeuille c’est donc une marque de petite maroquinerie qui a pour objectif de faire du beau, du durable et de l’inclusif en même temps. Chaque modèle que je développe doit répondre à ces trois critères. Il doit être élégant, sobre en matière première, solide, réparable et être réalisable par une personne n’ayant pas de formation particulière.
Nous travaillons avec des matières premières 100% françaises, 100% tannées aux tanins végétaux, et fabriquons 100% à la main à Paris.
Nous lançons une levée de fonds Friends and Family au mois d’avril pour accompagner notre première étape de développement.

Quelle est ta plus grande fierté par rapport à ce projet ?

Il y a deux choses dont je suis fier. La première c’est d’avoir donné vie à cette idée et d’y impliquer petit à petit des personnes, jeunes ou âgées qui je l’espère pourrons y trouver une manière valorisante de boucler leurs fins de mois.
La seconde c’est que lorsque j’étais jeune, à 18-19 ans, en parallèle de mission de télémarketing pour gagner ma vie, j’ai débuté une formation, une sorte de compagnonnage en restauration de livres du Moyen-Age avec la dernière maître relieur à Paris : Jehanne Laederich. Elle m’a donné le goût du travail manuel et m’a permis d’apprendre à  travailler des matières comme le papier, le cuir. Je n’ai pu vivre de ma formation , mais j’ai gardé l’amour du travail à la main et quelques idées dans un coin de ma tête. Aujourd’hui je pense beaucoup à cette dame merveilleuse et je suis fier de prolonger à ma manière son apprentissage.