Le 15 septembre 2020, MySezame Le Club organisait une matinée de rentrée autour du sujet de la mesure d’impact. Au programme : une table ronde inspirante réunissant deux experts (Hervé Gbego fondateur de Compta Durable et Arnaud Bergero directeur des opérations de Goodwill Management), un pitch d’un dirigeant au projet innovant fondé sur la mesure d’impact (Laurent Kraif, fondateur de Perfesco) et des ateliers pour s’approprier le sujet et passer à l’action. 

MySezame Le Club est une communauté de dirigeants, collaborateurs et indépendants, investis pour placer les enjeux sociétaux au cœur de leur organisation, leur secteur ou leur activité. Ses membres se rencontrent autour de quatre matinées annuelles thématiques. Le but : se tenir informés des dernières tendances et capter les signaux faibles, s’inspirer des pionniers des entreprises à impact, stimuler leur capacité d’innovation à la fois pour leur business & la planète. 

Pourquoi le thème de la mesure d’impact ? 

Impact, un mot qui est aujourd’hui sur toutes les lèvres alors que peu seraient capables d’en donner une définition. Face à la nécessité de mettre en place des actions pour avancer sur les sujets environnementaux et sociaux, les impacts dont se vantent les entreprises sont-ils vraiment positifs ? Peut-on considérer la suppression d’une externalité négative comme un impact positif ?

Notre conviction, partagée par nos intervenants : viser l’impact n’a de sens que si des outils de mesure sont mis en place pour atteindre des objectifs extra-financiers chiffrés en amont. 

Comment définir l’impact positif ? 

Qui ne souhaite pas avoir un impact positif, que ce soit sur ses collègues, le CA de son entreprise ou l’environnement ? Si l’impact est visé, de manière plus ou moins affirmée, par beaucoup, nous ne sommes pas tous d’accord sur ce que nous mettons derrière ce terme. En effet, l’impact est loin d’être toujours positif pour la société ou l’environnement. Arnaud Bergero définit ainsi l’impact comme « l’ensemble des changements positifs ou négatifs, attendus ou inattendus, durables, engendrés par des activités mises en place par l‘organisation et attribuables à ses activités ». 

Si la définition d’un impact social positif semble alors claire, celle d’un impact environnemental positif est encore plus compliquée à établir : la frontière entre les impacts environnementaux positif et négatif est floue. En effet, quelle entreprise peut se targuer d’avoir un impact positif sur l’environnement ? Les entreprises cherchent ainsi un moyen de mesurer leur impact environnemental, et de déterminer un seuil relatif à partir duquel celui-ci pourrait être qualifié de positif (par exemple le respect des accords de Paris ou la neutralité carbone). 

Arnaud Bergero nous invite ainsi à envisager le sujet avec humilité et à prendre le temps avant de parler d’un impact positif : impact de quoi ? sur qui ? l’impact dont on parle est-il réellement positif ? Pour ce faire, des outils de collecte, mesure, et une méthodologie sont nécessaires et cela requiert de l’énergie et des moyens à ne pas sous-estimer.

Quelle ambition derrière la mesure d’impact ? 

Pour Hervé Gbego, il est désormais évident que les entreprises, outre leurs objectifs financiers, doivent également être gérées en prenant en considération les enjeux sociaux et environnementaux de leur activité. Si le système comptable est aujourd’hui bâti pour préserver le capital financier, il faut en orienter les normes vers le capital naturel. Le capital financier doit bien sûr toujours être au moins préservé, et si possible générer des profits, mais ce devrait également être le cas des capitaux humains et environnementaux. 

Alors que beaucoup d’entreprises font appel à Compta Durable avec l’objectif de communiquer sur leurs externalités positives, Hervé Gbego refuse cette posture pour prôner une démarche de remise en question. Avant de se demander quels sont nos impacts positifs, questionnons-nous sur la société dans laquelle nous souhaitons vivre et sur la manière dont la comptabilité peut nous aider à l’atteindre. En se challengeant, les entreprises peuvent utiliser la comptabilité comme un outil politique, une architecture de la décision. La clef serait ainsi de se poser les vraies questions sans avoir peur du négatif pour non seulement l’identifier mais également s’y attaquer par la suite. 

Quels outils ? 

Toutes les entreprises mesurent leur impact économique grâce à une direction financière, il en va de même pour l’impact environnemental et social : la notion d’impact est intrinsèquement liée aux chiffres. La mesure d’impact requiert ainsi une réflexion en amont, des efforts et des moyens. 

Plusieurs méthodes de mesure d’impact, complémentaires et correspondant à différents degrés de complexité, existent. Compta Durable a ainsi développé la méthode CARE (Comprehensive Accounting In Respect of Ecology), un système comptable complet qui prend en compte des informations extra-financières justifiées : les capitaux financier, humain et environnemental sont intégrés dans le modèle. 70% des indicateurs du modèle CARE sont ainsi extra-financiers. 

Etat des lieux aujourd’hui

Aujourd’hui, d’après une étude de la société de gestion NN Investment Partners, 1 entreprise du 5 dans le monde a un impact positif : autrement dit, il reste encore 80% du chemin à parcourir ! Et des analyses financières de ces entreprises ont permis de montrer que ces dernières avaient un coût du capital plus restreint.

Un exemple de projet fondé sur la mesure d’impact : Perfesco

Perfesco est une filiale de EDF fondée en 2013. Alors que le groupe vend de l’électricité, Perfesco vend des économies d’énergie en finançant des projets d’efficacité énergétique pour des professionnels. 

Perfesco identifie les pistes d’économie d’énergie, propose à son client une solution complète de rénovation puis finance la totalité des coûts inhérents au déploiement des nouvelles infrastructures et installations chez le client. La performance énergétique dégagée par les nouveaux équipements donne par la suite lieu à d’importantes économies d’énergie : l’entreprise récupère son investissement et se rémunère par la refacturation d’une partie des gains réalisés et préalablement mesurés. 

La mesure d’impact est ainsi inhérente au business model de Perfesco : sans mesure des économies d’énergie en amont et suite au déploiement de l’infrastructure en question, Perfesco n’est pas rémunéré. 

La prochaine matinée MySezame Le Club aura lieu le 26 novembre 2020 et portera sur la thématique des low-techs.

Pour plus d’infos, contactez Camille : camille@mysezame.fr